mardi 27 septembre 2016

Les Catacombes. Histoire du Paris souterrain

de Gilles Thomas
Éditions Le Passage


Paris, 1782. Pour la première fois, un opuscule anonyme mis en vente dans les magasins de nouveautés stipule que l’on va créer à Paris des « Catacombes ». L’adoption de ce mot pour désigner les sous-sols de la capitale se révèle vite un choix d’une efficacité redoutable. C’est jouer de la confusion entre carrières souterraines et ossuaire, un objet de fascination pour le public, c’est aussi marquer fermement, par ce nom évoquant la mort, l’opposition entre cette ville sous la cité et la Ville-lumière.


Depuis, cette confusion a toujours été plus ou moins savamment entretenue, notamment dans la littérature, et c’est probablement la raison pour laquelle la fascination pour les catacombes est aujourd’hui plus vive que jamais.


Avec ses Promenades littéraires dans les catacombes, Gilles Thomas nous invite en fait à une double flânerie : une randonnée dans les galeries établies au niveau des anciennes carrières souterraines de la Ville de Paris, mais également une déambulation dans la littérature du XIXe siècle à nos jours. Au cours de cette traversée parisienne via cette « littérature du sous-sol », on va croiser entre autres, Balzac, Alexandre Dumas, Gérard de Nerval, Victor Hugo, Emile Zola, George Sand, etc. Ce Paris souterrain a aussi fortement inspiré des écrivains de romans policiers comme Eugène Sue, Gaston Leroux, Pierre Souvestre et Marcel Allain (les coauteurs de Fantômas), mais aussi Georges Simenon (sous un pseudonyme), ou plus récemment les auteurs de thrillers que sont Maxime Chattam, Henri Loevenbruck, Franck Thilliez, ainsi que de très nombreux autres romanciers dont deux récemment récompensés par le prix du quai des Orfèvres. La littérature jeunesse n’est pas en reste non plus.


Au travers cette littérature d’une grande richesse dont la source n’est pas près de se tarir (plus de 250 romans français découverts sur le sujet écrits en exactement deux siècles – de 1815 à nos jours – plus une cinquantaine en langue anglaise), Gilles Thomas nous fait également découvrir le microcosme des « cataphiles », dont la sociologie est décryptée à la lecture d’environ 50 mémoires universitaires. Mais il nous présente aussi des personnages hauts en couleur comme Charles-Axel Guillaumot, l’homme qui a consacré sa vie à sauver Paris, Philibert Aspairt qui a disparu et est mort sous terre, ou encore le Commandant Jean-Claude Saratte, le premier « cataflic » de France. Il nous raconte enfin, avec force anecdotes et détails, l’histoire passionnante et méconnue de ces galeries qui serpentent sous nos pas.

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